Pour une gestion des déchets TFA responsable et applicable

P. Michaille - Sfen Provence - ARCEA . GAENA | 01 Décembre 2020 - 20h10

Le principe du zonage appliqué à la gestion des déchets s’est montré très efficace pour empêcher que des déchets radioactifs se retrouvent dans les décharges publiques, comme cela s’est produit dans certains pays étrangers (Brésil, 1987).

Ce qui est la règle en période d’exploitation d’une installation doit cependant être remis en question pendant la phase de démantèlement des installations, qui produira beaucoup de déchets très peu (voire pratiquement pas) radioactifs, actuellement classés en TFA et gérés par l’ANDRA, dont le CIRES sera saturé en 2028.

Réduction des volumes de déchets TFA

La réduction des volumes de déchets sortant d’une INB se fait couramment par incinération ou compactage.
Deux catégories de déchets ne peuvent subir ces traitements :
- Les bétons : ils ne sont pas radioactifs dans la masse, juste en surface, avec une profondeur de pénétration dépendant des éventuels incidents qui ont pu se produire pendant la vie de l’installation. Après un examen exhaustif des surfaces, les taches de contamination sont localisées et décapées. Après traitement de décontamination, contrôlé par un organisme extérieur agréé par l’ASN, l’INB vidée de toute source radioactive peut être déclassée, puis démantelée, avec l’évacuation des gravats vers une décharge de déchets banals, ou pour servir de matériaux de génie civil (supports de routes, p. ex.).

- Les matériaux métalliques valorisables : leur fusion dans un four spécialisé permet 1) d’homogénéiser la matière, et d’en réaliser un prélèvement représentatif ; 2) avec un laitier ad hoc, d’extraire une grande partie de la contamination dans le laitier.
En fonction des résultats des examens, on pourra déclasser le métal ainsi obtenu, et le remettre sur le marché, comme cela se pratique dans les autres pays européens (Suède, Allemagne, par exemple).
Les examens (méthode, résultats) devront être validés par un organisme extérieur agréé par l’ASN.

Il serait souhaitable d’harmoniser les règles au niveau de l’Union européenne : on ne comprendrait pas que les Français soient approvisionnés en métal sortant de fours de fusion de déchets nucléaires européens, mais pas français !

Seuils
- En activité massique : on rappelle qu’en dessous de 20 Bq/g de radioactivité naturelle, les déchets sont valorisés dans des filières classiques. L’impact de la radioactivité sur la santé n’est pas dépendant de son origine, artificielle ou naturelle, il n’y a pas de raison de modifier ce seuil pour des matières solides ni comestibles ni volatiles.
- En débit de dose pour la population : Le niveau fixé par la Commission européenne est à 0,01mSv/an, valeur 200 à 300 fois inférieure à la dose annuelle liée à la radioactivité naturelle à laquelle est exposée la population française (2 à 3 mSv/an), soit l’exposition d’une journée en France !

Multiplication des stockages TFA

Il n’est pas souhaitable de multiplier ces lieux de stockage, qui seront placés sous la responsabilité de l’ANDRA. Les sites nucléaires actuels ou en cours de dénucléarisation pourront être équipés de stockages TFA, en fonction des caractéristiques géologiques, après avis de la CLI locale.

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