Politique énergétique et sûreté nucléaire

Pervès Jean-Pierre | 26 Novembre 2020 - 14h11

L’autorité de sûreté nucléaire s’interroge sur le futur de l’ensemble des matières nucléaires valorisables (U de retraitement, U appauvri, thorium, …). Elle pèse lourdement pour une requalification générale en déchets de l’ensemble de ces matières, s’associant en cela aux demandes de groupes de pression antinucléaires et du Ministère de la Transition Ecologique.
Il est bon de rappeler deux éléments essentiels
- Dès 2001 le Conseil d’état avait considéré que l’uranium appauvri n’est pas un déchet mais un produit obtenu à un stade intermédiaire d’un processus de transformation, ce qui est évidemment pertinent pour les autres matières potentiellement valorisables (voir les études du CNRS sur la filière thorium par exemple).
- Mais plus encore que la vision à long terme de la politique énergétique, elle-même étroitement liée à la politique climatique, est du ressort de l’Etat, et doit être bâtie avec l’obligation de laisser aux générations futures un panel aussi large que possible de solutions décarbonées.
En ce sens il me semble que l’ASN s’exprime bien au-delà de ses missions, qui visent à veiller à la sûreté des entreposages ou stockages, et non à fermer de voies pour le futur. Ce faisant elle ignore qu’énergie et climat se gèrent sur un temps très long, et qu’ils doivent être appréciés en tenant compte de l’ensembles des paramètres utiles à une bonne gestion du futur, et non des seules contraintes de sûreté et sécurité nucléaires.
Laissons à l’Etat la responsabilité de réserves stratégiques vitales. Il serait irresponsable d’assimiler, selon les critères actuels, ces matières à des déchets ultimes, dont la récupération ultérieure serait rendue quasiment impossible.
Un temps de réflexion est d’autant plus nécessaire qu’il n’y a aucune urgence à en décider, alors que nous sommes en pleine crise économique et que ces matières sont correctement gérées, conformément à la réglementation.

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