Un gaspillage économique, un déni vis-à-vis des générations futures et de l’environnement

P. Michaille - Sfen Provence - ARCEA . GAENA | 01 Décembre 2020 - 19h51

Prenant prétexte de dimensionner le stockage de déchets de faible activité à vie longue, le Ministère de la Transition Écologique pose la question de transformer les matières nucléaires valorisables (uranium appauvri, uranium de retraitement, thorium, plutonium civil) en déchets.
C’est faire fi de toutes les opérations de purification et de concentration de ces matières qu’il a fallu réaliser, et qui en constituent la valeur : la concentration de l’uranium est de l’ordre de quelques pour mille (kg/tonne), exceptionnellement du %, dans les sites naturels exploitables. C’est dire les masses et les volumes de roches déplacées, pour concentrer sur place le minerai en « yellow cake », transporté ensuite par bateaux et par trains jusqu’à Narbonne. Là, l’oxyde d’uranium est transformé en UF4 dans l’usine de Malvési, avec une production annuelle de l’ordre de 12.000 tonnes. Lors de la purification, les impuretés restent dans la phase aqueuse d’acide nitrique et sont envoyées vers les bassins de décantation autour de l’usine. À la fin de l’année 2010, le volume total des résidus très faiblement radioactifs stockés sur le site dans les différents bassins atteignait un volume de près de 1 million de m3.
Après enrichissement dans l’usine Georges Besse-2, l’uranium appauvri est défluoré à Pierrelatte dans l’usine W qui produit un oxyde d’uranium chimiquement stable. Ce sont aujourd’hui environ 320 000 tonnes de matière chimiquement inerte et très peu radioactive qui sont entreposées de façon sûre.
Ces réserves pourront servir de combustible dans des réacteurs de 4ème génération, dont la France a été leader à une époque, et qui sont désormais développés par les Russes, les Indiens et les Chinois.
Il s’agit donc bien de ne pas priver les générations futures d’une possible source d’énergie décarbonée, dont le développement est beaucoup plus avancé que les technologies de stockage d’électricité (batteries et hydrogène) qui font l’objet de financements importants pour atteindre des coûts au niveau du marché de l’électricité. Et qui nécessitent des opérations minières, d’extraction et de purification des métaux, polluantes pour l’environnement !
Ni économique, ni environnementale, ni sociale vis-à-vis de nos descendants, une telle dégradation des matières nucléaires purifiées en déchets représenterait donc la négation d’une stratégie durable.

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